1er extrait de mon mémoire professionnel : UX Design et Environnement - d’une problématique large aux besoins des designers d'expérience en quête d'engagement
Contexte et positionnement adopté
Sensibles ou non aux questions écologiques, nous assistons toutes et tous à des événements et à des débats invitant à la réflexion. Poursuivre notre quête de croissance, d’abondance, de prospérité, de bien-être individuel au détriment de l’écosystème global qui nous abrite et nous nourrit semble irresponsable. Ainsi, au même titre que l’on ne peut plus concevoir des produits, services, expériences et points de contact sans analyser les impacts sociaux, on ne peut plus fermer les yeux sur leurs impacts environnementaux. On ne peut plus mettre l’humain d’un côté et la nature de l’autre. C’est pourtant ce que l’on fait depuis des années en Conception Centrée Utilisateurs, sans vraiment y penser. On peut bien entendu se féliciter des apports indéniables du Design Thinking et il faudra poursuivre nos efforts dans ce sens. Mais mettre uniquement l’humain au centre de nos réflexions a généré, depuis l’ère industrielle, un anthropocentrisme et un recul de notre lien avec la nature auxquels d’une certaine manière le design a participé.J’ai décidé de suivre la formation certifiante UX Design de l’École des Gobelins pour m’approprier certaines méthodes et outils que j’avais vu tant de fois aux mains de mes collègues UX designers et mener à bien mon projet professionnel : établir, expérimenter et promouvoir une démarche adaptée à la conception de services éco-responsables, former et accompagner les entrepreneurs, entreprises et territoires engagés dans leur redirection stratégique et opérationnelle vers une logique servicielle adaptée. Service Design et UX Design sont ultra complémentaires et imbriqués (voir l'article /qu-est-ce-que-le-design-de-services), c’est pourquoi questionner l’UX Design ces derniers mois m’a permis de poursuivre mon travail sur la démarche plus globale d’éco-conception de services sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir (voir les deux précédents articles : /la-dimension-environnementale-en-design-de-services et /la-dimension-environnementale-en-design-de-services-2).
Organisation du projet de mémoire professionnel
Mon mémoire professionnel réalisé dans le cadre de cette Certification UX Design présente un travail d’ordre réflexif car il adresse une question encore peu abordée au sein de la communauté UX Design et plus globalement Conception Centrée Utilisateur : celle de la prise en compte de la dimension environnementale dans notre démarche, nos pratiques et nos projets. Existe-t-il déjà des travaux dans ce sens ? Quel rôle avons-nous en tant que designers ? La démarche permet-elle de répondre aux enjeux que posent le changement climatique, la perte de biodiversité, l’épuisement des ressources ou encore la pollution ? Nos pratiques sont-elles compatibles avec une conception plus responsable des produits et services ? Ces questions initiales mettent en avant des enjeux importants : l’avenir de la conception d’expérience utilisateur et l’avenir du métier de concepteur face à un système Terre menacé et face également à une prise de conscience galopante de la part des clients / consommateurs / utilisateurs / usagers / citoyens. Pour y répondre, il était nécessaire de prendre du recul sur nos pratiques professionnelles en tant que concepteurs, sur ce qui nous a été transmis au cours de la formation et sur ce que j’ai pu expérimenter en tant que Designer de Services ces dernières années. Pour cela, j’ai appliqué les outils de l’UX Design à cette réflexion, faisant ainsi de cette démarche à la fois mon outil mais aussi mon objet d’étude aux regards des enjeux environnementaux.La méthodologie choisie repose sur le Double Diamant que j’ai beaucoup utilisé en tant que Designer de Services et que j’ai adapté à une problématique au départ plus réflexive qu’opérationnelle (cf. figure ci-dessus). Mon objectif était d’avoir un temps d’exploration et d’analyse nécessaire face à un tel sujet mais aussi d’embarquer des designers et experts rencontrés tout au long de ces semaines dans une démarche de co-design.
A partir de recherches, de formations et avec l’aide d’experts, j’ai exploré les domaines de l’UX Design, de l’Eco-Conception Numérique, de l’Eco-Conception de Produits, et du Design Circulaire afin de les confronter les uns aux autres et d’identifier les synergies possibles. J’ai mené des interviews d’UX designers et réalisé une enquête en ligne pour mesurer leur intérêt pour les enjeux environnementaux, questionner notre rôle en tant que concepteurs mais aussi l’évolution de notre démarche face à une urgence environnementale de plus en plus pressante. J’ai ensuite resserré mon analyse afin d’identifier des profils de designers face à ces enjeux ainsi que des grandes tendances. Cette étape a fait émerger 4 profils, 2 visions de l’UX Design (l’une très numérique et l’autre plus globale) et 7 axes de travail qui ont ensuite été décortiqués à l’aide d’un groupe d’UX designers engagés. Ensemble, ils ont mis en exergue et priorisé 8 sous-problématiques opérationnelles puis généré des idées de solutions pour y répondre. Parmi ces idées, nous avons repéré les quick-wins potentiels et projets de plus grande envergure. Puis, le groupe a matérialisé le quick-win jugé le plus pertinent (utile, utilisable, désirable et responsable !). Enfin, j’ai mené une phase d’évaluation de la maquette résultante auprès d’un panel de designers (via un questionnaire auto-administré) et d’experts en éco-conception (via des tests à distance) afin d’envisager une seconde itération. Les différents retours ont mis en avant le caractère difficilement intégrable aux pratiques existantes et maintenable dans le temps de la solution. J’ai donc démontré la nécessité d’itérer en repartant pas uniquement sur la phase de conception de cette solution mais plus en amont sur la phase de définition afin d’aller vers l’essentiel, de privilégier l’existant et les interactions au sein de la communauté des concepteurs pour répondre aux sous-problématiques identifiées, et de veiller à la simplicité de la ou des solutions futures.
A terme, ces travaux et ma recherche-action autour de l’éco-conception de services (ou design de services éco-responsables) viseront à proposer des méthodes et outils adaptés au quotidien et aux projets des designers (de services et UX), à accompagner les acteurs économiques dans l’intégration et la maturation à la fois du design centré humain et aussi des limites et enjeux environnementaux.
A terme, ces travaux et ma recherche-action autour de l’éco-conception de services (ou design de services éco-responsables) viseront à proposer des méthodes et outils adaptés au quotidien et aux projets des designers (de services et UX), à accompagner les acteurs économiques dans l’intégration et la maturation à la fois du design centré humain et aussi des limites et enjeux environnementaux.
Une série d’articles dédiés sur beewö.fr
Au-delà des échanges avec certains designers engagés, j’ai décidé de partager ces travaux à travers une série d’articles dédiés sur beewo.fr/actualites afin de sensibiliser au maximum (les designers bien sûr mais aussi tous les acteurs économiques) et de nourrir les réflexions et pratiques en cours. Nous devons tous prendre notre part de responsabilité et mettre à profit nos compétences complémentaires pour tenter de répondre collectivement aux enjeux d’aujourd’hui et réduire nos impacts pour les générations à venir.Dans le prochain article de cette série dédiée à la question de l’intégration de l’environnement en UX Design, vous découvrirez plus en détails la phase d’exploration menée entre fin Août et Septembre 2021. Les articles suivant présenteront les phases aval de définition, de conception et d'évaluation.
A bientôt !