UX Design et Environnement (extrait 4/5) - Développement

18 mai 2022
4ème et avant dernier extrait de mon mémoire professionnel "UX Design et Environnement" – synthèse de la phase de conception / développement

Rappel du contexte

Mon projet de mémoire professionnel dans le cadre de la certification UX Design de l’Ecole des Gobelins a consisté en une vaste étude autour de la dimension environnementale en UX Design (voir l’article d’introduction, la phase de découverte / exploration et la phase d'analyse et définition) visant à compléter mes travaux autour d’une démarche d’éco-conception de services (voir les articles sur la dimension environnementale en Design de Services).

Ce nouvel article de la série « UX Design et Environnement » propose une synthèse de la 4ème phase du projet visant à « développer / concevoir » une proposition concrète face à la problématique : 

« Comment pourrions-nous déterminer le degré de maturité des entreprises et accompagner leur maturation ? ». 

Pour cela, j’ai proposé au groupe de designers ayant participé à la phase précédente et ayant co-définit cette problématique clé de poursuivre nos ateliers collaboratifs afin de trouver et prioriser des idées / solutions d’une part et de matérialiser l'une de ces idées d’autre part. L’objectif final de cette étape était de partager et d’évaluer cette idée auprès de la communauté des UX designers (notons que cette étape n'a pas pu avoir lieu dans les temps impartis à la Certification). Bien entendu les autres axes de travail et sous-problématiques soulevées en étape DEFINIR méritent également d’être traités et devront faire l’objet de travaux spécifiques.

Génération d’idées /solutions

Pour pallier au manque de disponibilité (et non d’intérêt !) du groupe de designers sollicités, j’ai mis en place un exercice d’idéation en ligne et en autonomie (à faire selon leur temps libre) visant à générer et lister individuellement un maximum d’idées pour répondre à la problématique sélectionnée en phase DEFINIR.

J’ai ensuite consolidé et rapproché leurs réponses, mais aussi repris et donné du sens aux informations recueillies plus tôt (à la fois lors de la phase d’exploration ou DECOUVERTE avec les entretiens experts et le questionnaire élargi, mais aussi lors du 1er exercice du groupe en phase DEFINIR. Ce travail a donné naissance à un ensemble de clusters d’idées que nous avons par la suite discutés et priorisés.

Priorisation des idées /solutions générées 

Par la suite, deux créneaux collectifs ont permis au groupe de se positionner sur ces idées / solutions, de les challenger puis d’en sélectionner 1. Pour ce faire, 2 principales questions ont été posées et discutées afin de noter puis positionner chaque idée / solution sur une matrice impact / effort :

  • Quel pourrait être l’impact de cette solution par rapport à notre problématique ?
  • Quel effort serait nécessaire pour mettre en œuvre cette solution ?

Le positionnement des solutions sur une matrice impact / effort en fonction de la moyenne des notes obtenues a permis de mettre en évidence une liste de quick-wins potentiels (faible effort / fort impact) et une liste de projets majeurs qu’il serait intéressant de planifier et mettre en œuvre à plus long terme (fort effort / fort impact).


A partir de cette matrice, chaque designer du groupe a pu voter pour une ou plusieurs solutions de type quick-win en ayant les questions suivantes en tête :
 
  • La solution est-elle attendue/ désirable aux yeux des UX designers ?
  • La solution sera-t-elle utile pour les UX designers ?
  • La solution est-elle faisable à très court terme ?
  • La solution est-elle responsable d’un point de vue environnemental ?

La dernière question était essentielle non seulement dans un souci de cohérence mais aussi et surtout pour embarquer ce groupe de designers sensibles et volontaires dans cette démarche visant à ne concevoir que des expériences et des points de contact essentiels et respectueux de la nature et du vivant.

 
Deux idées / solutions de type quick-win ont reçu le même nombre de votes :

  • Liste et résumé / checklist des outils de diagnostic existants,
  • Liste des KPIs / mesures (dont la réduction des coûts ou le ROI global).

Lors de notre discussion, des liens forts ont émergé entre plusieurs idées (par exemple les KPIs sont intéressants à produire dans l’optique de créer une échelle de maturité interactive) et toutes semblaient faire partie d’un tout à développer. Il a donc été décidé collectivement de poursuivre l’exercice avec l’idée basique mais concrète au quotidien d’une :
 
Liste des outils de diagnostic existants
 
La recherche d’outils est aujourd’hui l’un des principaux pain points des UX designers qui font face à une multitude d’outils pour lesquels ils manquent de connaissance. L’idée sous-jacente à cette solution était donc de leur donner un état des lieux concret et actionnable des outils existants. En revanche, le groupe a noté l’importance de travailler rapidement sur la question des KPIs afin de réussir à convaincre les dirigeants d’entreprises de s’intéresser à et d’intégrer cette dimension dans leur projet. 

Première matérialisation de l’idée quick-win retenue

Cette nouvelle étape a permis de co-maquetter l'idée retenue et pouvant répondre rapidement à un besoin des UX designers dans le cadre de la problématique « comment pourrions-nous déterminer le degré de maturité des entreprises (en matière d’environnement) et les accompagner dans un processus de maturation ? ».
 
Pour cela, nous avons mené ensemble un atelier de type 6to1 afin d’encourager la divergence, de générer plusieurs propositions, d’impliquer et faire converger le groupe vers un résultat collectif. Nous avons donc commencé par une étape de design parallèle de quelques minutes durant lesquelles chacun de nous a créé 6 croquis de la solution « Liste des outils de diagnostic existants ».
 
Ensuite, nous avons ensuite partagé nos productions individuelles afin d’identifier les meilleures idées, de les combiner ou d’en créer de nouvelles. Des convergences et complémentarités fortes sont apparues entre les productions avec 3 séries de questions en points d’orgue :

  • Trouver les références en termes d’outils est une chose mais quid de la prise de décision ? Quels critères dois-je évaluer en tant qu’UX designer pour faire le choix d’utiliser tel ou tel outil ? Que vont-ils m’apporter et quel va être l’investissement nécessaire pour que je l’intègre ?
  • En tant que designers nous intégrons régulièrement de nouveaux outils et de nouvelles méthodologies pour répondre à un besoin, mais comment intégrer ces nouveaux outils qui nécessitent des connaissances voir des compétences particulières ? Comment être accompagnés ?
  • Quel format devons-nous adopter pour être à la fois accessible, pratique et en même temps éco-responsable ? Devons-nous forcément envisager une solution digitale ?
 
Le groupe a ensuite produit une proposition collective / maquette finale de la solution :

Site (éco-conçu bien sûr !) de recherche d’outils de diagnostic et d’analyse environnementale existants et de collaboration autour de nouvelles méthodes.

Le groupe n’ayant pas eu le temps de finaliser sa proposition dans les temps impartis, j’ai finalisé le maquettage de la solution imaginée collectivement, ce travail est disponible dans mon mémoire professionnel. 

Enfin, il est intéressant de remarquer que le groupe d'UX designers réunis a très rapidement imaginé des solutions techniques face à la problématique énoncée et opté de manière naturelle pour une maquette d'interface web. La question de la pertinence de ce raisonnement et des éventuels biais cognitifs associés sera posée dans le prochain (et dernier !) article dédié à ce travail.

Préparation de l’étape d’évaluation auprès de la communauté

L’étape suivante devait consister en une phase de test de cette maquette basse fidélité auprès de la communauté des UX designers puis d’itération visant à challenger et améliorer cette première proposition. Il ne m’a pas été possible de réaliser cette itération dans les délais impartis au mémoire. Cette première phase de test aurait dû avoir pour objectif d’évaluer l’attractivité, l’utilité et l’utilisabilité de la solution proposée auprès d’utilisateurs testsDeux méthodes d’évaluation ont été envisagées afin de nourrir et confronter les résultats en vue de l’itération suivante. En effet, au regard de la charge de travail et donc de la disponibilité limitée des designers, il me semble important de choisir des méthodes et échelles courtes les sollicitant le moins possible et leur donnant un maximum d’autonomie. Par ailleurs, au regard de la complexité du sujet abordé, il me semblait également essentiel de vérifier la crédibilité de la proposition auprès d’un groupe d’experts en éco-conception d'une part en éco-conception numérique d'autre part. 

Les deux méthodes envisagées étaient :

  • Échelle UX pour évaluer la perception des designers ou « utilisateurs tests » quant au caractère attractif, utilisable voir innovant de la solution proposée,
  • Évaluation experte non pas par des experts en UX Design ou en utilisabilité mais par :qui seront en mesure, dès cette version basse fidélité de la solution, d’analyser la pertinence de la proposition et de nourrir la liste et la description des outils de diagnostic existants.  Des experts en logique environnementale ou éco-conception qui seront en mesure, dès cette version basse fidélité de la solution, d’analyser la pertinence de la proposition et de nourrir la liste et la description des outils de diagnostic existants. Des experts en éco-conception web / numérique qui seront capables de juger de la faisabilité d’une telle proposition d’un point de vueGreenIT et d’émettre des recommandations.
 
L’objectif de ces confrontations étaient de recueillir du feedback et des idées d’amélioration. Par la suite, il semblait également important de mener une 2nde itération regroupant l’ensemble de ces profils (UX designers, experts en logique environnementale et experts en éco-conception numérique) pour bénéficier de leurs regards croisés.

Vers une feuille de route pour intégrer la dimension environnementale en UX design

Le prochain article de cette série « UX Design et Environnement » sera consacré à la dernière étape menée dans le cadre mon projet de mémoire professionnel : DELIVRER. Ses objectifs étaient de synthétiser les travaux menés et d’identifier les prochaines étapes nécessaires pour poursuivre les réflexions sur le sujet de l’intégration de la dimension environnementale en UX Design. Cette dernière phase a également été l’occasion de prendre du recul sur le travail mené et sur la proposition engendrée par le groupe. 

L’objectif de ce mémoire était d’entamer la réflexion et de soumettre plus globalement cette problématique à la communauté des UX designers pour prendre en main et adresser le sujet collectivement et construire des propositions utiles, utilisables, désirables, faisables et surtout responsables ! En attendant de lire la suite de cette série spéciale, je vous invite à parcourir les actualités de beewö pour découvrir des interviews et réflexions autour du design de services éco-responsables ! 

Liens utiles :

  • Bordage F. (2019) Eco-conception web / les 115 bonnes pratiques. Doper son site et réduire son empreinte écologique. 3ème édition, Eyrolles. 
  • Une explication de la distinction entre UX Design et Service Design sur : qu-est-ce-que-le-design-de-services
  • Bugeaud-Remond F. (2021) Combining Service Design,Eco-Design and Circular Design - Towards a ‘planet in mind’ Service Design redirection. SDN Touchpoint Vol.12 N°3.
  • Sierra-Pérrez J., Teixeira J.G., Romero-Piqueras C., Patricio L. (2021) Designing sustainable services with the ECO-Service design method: Bridging user experience with environmental performance. Journal of Cleaner Production, Vol. 305, 127228 - July 2021.
  • Lallemand C. Gronier G. (2018) Méthodes de design UX – 30 méthodes fondamentales pour concevoir des expériences optimales

Crédit image (entête) : vecteur créé par stories - www.freepik.com

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